Assad a un objectif politique à Deïr ez-Zor : rasseoir sa légitimité internationale en luttant contre l’EI, selon un spécialiste.
La guerre en Syrie est entrée dans une nouvelle phase avec la progression vers l’est des forces du président Bachar el-Assad, qui ont pu engager davantage de moyens dans la reconquête de territoires contrôlés par le groupe Etat islamique grâce aux cessez-le-feu négociés par la Russie dans l’ouest du pays.
Appuyées par Moscou et Téhéran, les forces gouvernementales espèrent prendre de vitesse les milices arabo-kurdes soutenues par les Etats-Unis pour reprendre à l’EI ce qui constituera son dernier grand bastion après la chute de Raqqa, la région de Deïr ez-Zor le long de la frontière irakienne. La prise de la ville de Soukhna, la semaine dernière, a été vue à Damas comme un pas important dans cette direction.
Une telle marche vers l’est, encore impensable il y a deux ans quand le régime était sur la défensive, traduit l’assurance de Bachar el-Assad alors que les gouvernements occidentaux et arabes qui réclamaient depuis cinq ans son départ ne semblent plus en mesure de parvenir à leurs fins.
La lutte pour le contrôle de l’ouest du pays – la « Syrie utile » – n’est plus une priorité absolue depuis la capitulation de nombreuses poches rebelles et la mise en place de trêves plus ou moins respectées sous l’égide de la Russie et, dans le sud du pays, des Etats-Unis.
Cette « désescalade » n’a pas pour autant permis de relancer le processus de paix dont les adversaires de Bachar el-Assad espéraient qu’il aboutirait au départ du président syrien.
L’émissaire spécial de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a d’ailleurs annoncé jeudi le report des discussions prévues la semaine prochaine à Genève avec les représentants de l’opposition. Il a dit ne pas espérer désormais une reprise des pourparlers de paix avant octobre ou novembre.
(Lire aussi : Dans l’est syrien, on fuit en masse le recrutement forcé par l’EI)
Assad sur les billets de banque
Pendant ce temps à Damas, le visage de Bachar el-Assad a été imprimé pour la première fois sur les billets de banque et ses promesses répétées de victoire militaire totale suggèrent qu’une fois l’opération de reconquête de l’est du pays terminée, il tournera ses canons contre les derniers bastions rebelles dans l’ouest.
D’autant plus que la décision du président américain Donald Trump de mettre fin au programme d’aide de la CIA à certains groupes insurgés a affaibli la rébellion, tout en privant les Occidentaux d’un de leurs rares moyens de pression sur le régime syrien.
Alors que l’Iran ne cesse d’accroître son influence grâce à l’engagement des milices chiites, notamment le Hezbollah, les opposants d’Assad en sont réduits à espérer que Moscou parviendra à un moment ou un autre à la conclusion que le meilleur moyen de stabiliser la Syrie et d’impliquer les Occidentaux dans la coûteuse reconstruction du pays sera d’écarter l’actuel chef de l’Etat.
« Il ne fait guère de doute que les Russes aimeraient qu’il y ait une solution politique au conflit. La guerre leur coûte cher et plus elle durera, moins elle apparaîtra comme un succès pour (Vladimir) Poutine », estime Rolf Holmboe, chercheur associé à l’Institut canadien des affaires mondiales et ancien ambassadeur du Danemark en Syrie. « Mais les Russes veulent une solution à leurs conditions, à savoir une avec un maintien d’Assad au pouvoir », ajoute-t-il.
« Les cessez-le-feu ont deux objectifs. Ils permettent aux Russes de prendre la main sur les négociations politiques et de valoriser leur image sur la scène internationale. Mais, plus important encore, ils laissent les mains libres à Assad et aux milices soutenues par l’Iran pour reprendre les territoires que l’Etat islamique est sur le point de perdre », souligne l’ancien diplomate.
(Lire aussi : Les civils fuyant l’EI en Syrie vivent dans des conditions « terribles », affirme le CICR)
Réserves pétrolières
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