Il y a dix ans, alors qu’il travaillait comme maçon, Samuel Musengi a reçu une parcelle de neuf hectares. Dans le cadre d’une réforme foncière accélérée, des dizaines de milliers de familles zimbabwéennes noires comme la sienne ont été réinstallées sur ce qui était autrefois de vastes exploitations commerciales appartenant essentiellement à des Blancs.
Mais pour M. Musengi et nombre de ses collègues, les affaires ne vont pas particulièrement bien. En effet, vu l’imprévisibilité croissante de la météo et l’absence de soutien du gouvernement, les agriculteurs réinstallés du Zimbabwe sont loin de pouvoir exploiter le plein potentiel de leurs parcelles.
Selon M. Musengi, même les bulletins météo du gouvernement ne sont pas fiables. L’homme de 42 ans cultive du maïs et des haricots et élève quelques têtes de bétail à Wedza, à quelque 90 kilomètres au sud-est d’Harare. « La plupart du temps, ces gens [les prévisionnistes météo] se trompent lorsqu’ils essaient de prévoir l’arrivée des pluies. Il est donc difficile pour nous de préparer nos champs. Si les météorologues eux-mêmes sont incapables de prédire correctement quand il pleuvra, que peut-on attendre de simples agriculteurs comme moi ? » a dit M. Musengi à IRIN.
Or il est aussi de plus en plus difficile pour les météorologues de faire des prévisions fiables. Les chocs météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents au Zimbabwe, « avec une année d’inondation consécutive à une année de sécheresse », selon une étude menée en 2015 par la Fondation Konrad-Adenauer et la Research and Advocacy Unit, basée à Harare.
En plus de prédire davantage d’inondations et de sécheresses, le rapport indique que les dates de début et de fin des saisons des pluies continueront de varier et que celles-ci seront interrompues par des périodes sèches plus fréquentes et plus longues. La répartition des pluies sur le territoire pourrait en outre devenir de plus en plus imprévisible. Ce sont là de très mauvaises nouvelles pour l’agriculture zimbabwéenne, qui est essentiellement pluviale.
En l’absence de bulletins officiels précis, M. Musengi et de nombreux autres petits agriculteurs réinstallés de la région de Wedza, désespérés, font appel à de soi-disant « prophètes ». Mais ces derniers ne sont pas non plus d’une grande aide.
« Les anges ont dit aux prophètes de ne pas prédire les pluies », a dit M. Musengi. « Seul Dieu sait quand il pleuvra. Certains agriculteurs vont voir des guérisseurs traditionnels qui organisent des cérémonies pour invoquer la pluie, mais il est difficile de dire si les pluies qui finissent par arriver sont dues à ces rituels. »
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