« Folles rumeurs sur un vaccin contre la peste. Vent de panique dans la capitale » titre en Une Madagasikara, autoproclamé premier quotidien national d’information de Madagascar. Pour illustrer son propos, le journal publie la photo d’une bousculade de parents d’élèves furieux qui se pressent à l’entrée d’une école primaire. Une rumeur de vaccination forcée contre la peste dans les écoles a déclenché l’affolement. Les jours suivants, de nombreux enfants sont demeurés chez eux, et certains établissements ont clos leurs portes. Vaccination forcée, contamination volontaire, manipulation politique : autour de la peste, milles et une informations se chuchotent.
Depuis août, l’épidémie de peste a fait 171 morts et touché plus de 2,110 personnes. Bien que la peste soit endémique sur l’île, il s’agit d’un record : cinq fois plus de cas qu’une année habituelle. Cette année, la maladie est principalement de forme pulmonaire, ce qui signifie qu’elle se transmet d’homme à homme par inhalation de gouttelettes de salive. Dans un contexte urbain densément peuplé, la propagation peut être fulgurante et, sans traitement adéquat, l’issue est fatale en 48 heures.
UNE ÉPIDÉMIE STABILISÉE.
Aujourd’hui, près de trois mois après l’alerte initiale, la situation se stabilise avec une baisse nette du nombre de cas. « Si on se base sur les données recueillies dans les centres de traitement, on peut effectivement dire que le pic de l’épidémie est passé. Mais les données épidémiologiques ne sont pas totalement fiables du fait du manque de clarté dans la confirmation des cas, ce qui masque une partie de la réalité. » explique Claire, responsable de la réponse à la peste à Madagascar pour Action contre la Faim. « À l’époque du pic il y a 2 semaines, les mesures de triage visant à séparer les cas suspectés, confirmés ou même non atteints par la peste, n’étaient pas en place. On a compté comme cas de peste tous les patients qui se sont présentés dans les centres de santé sans se baser sur les résultats des tests rapides. Aujourd’hui, il faut continuer à surveiller l’évolution surtout que les services sanitaires font face à des réticences de la part de la population. »
SURMONTER LES RÉTICENCES DE LA POPULATION.
Car la crise médicale est aussi le reflet d’autre crise : celle du manque de confiance d’une partie de la population envers les autorités. « Concernant la panique dans les écoles, les gens ont cru qu’on vaccinait de force leurs enfants alors qu’il n’existe même pas de vaccin contre la peste »explique Mino, qui supervise l’équipe mobile de réponse à la peste d’Action contre la Faim. « Il y a une vraie peur autour de la maladie mais en même temps certaines personnes nient son existence et parlent de manipulation politique. » Les élections présidentielles à venir de 2018 reviennent souvent comme raison invoquée.
Mino et son équipe parcourent chaque jour les bas quartiers de la capitale pour désinfecter les habitations considérées à risque. Equipé d’un pulvérisateur contenant une solution chlorée, Rado pénètre dans les habitations et asperge les sols pour détruire les germes. « Nous expliquons aux personnes à quoi sert la désinfection, puis nous leur demandons si tout le monde va bien dans leur famille. Nous n’abordons pas la question de la peste de façon frontale car les gens se méfient et refusent parfois de nous écouter. Il faut amener le sujet en douceur. »
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