Professeur émérite à AgroParisTech et président de Commerce Équitable France, Marc Dufumier plaide pour l’agroécologie et la diversification des cultures, qui s’appuient notamment sur les potentialités de la biodiversité agricole.
Avez-vous un exemple concret de l’érosion de la biodiversité ?
Tout jeune diplômé ingénieur agronome, j’ai été envoyé à Madagascar pour y enseigner ce que l’on appelait à l’époque : la “riziculture améliorée ”. À savoir l’emploi de l’une des toutes premières variétés de la “révolution verte”, le cultivar IR8 à haut potentiel génétique de rendement, mais gourmand en éléments minéraux et sensible aux insectes prédateurs et aux champignons pathogènes. Comme si la rizière n’était qu’un champ de riz dont il fallait accroître le rendement à l’hectare, en ayant recours à des engrais de synthèse et des produits pesticides. Mais c’était oublier que dans les rizières, on pouvait aussi observer des canards, escargots, poissons et grenouilles, sources de protéines animales. Les canards picoraient les herbes adventices et les insectes ravageurs, sans porter préjudice à la croissance des brins de riz. Les cyanobactéries présentes spontanément dans la boue contribuaient quant à elles à fertiliser le riz en azote par la voie biologique. Les Malgaches avaient su en fait aménager des agroécosystèmes hébergeant une incroyable biodiversité domestique et sauvage ; et pour accroître le rendement du seul riz, il m’était demandé de mettre celle-ci en péril !
Cet article vous intéresse ? Pour en lire la suite cliquez ici
Dernières news sur les thèmes divers en cours (Vous pouvez proposer 1 news):