Le visage poupin entouré d’un long hijab, Aisha, 16 ans, se faufile sous la tente blanche du planning familial dans le camp de déplacés de Bakassi.Elle chuchote, de peur que ses voisines l’entendent : cela fait trois mois qu’elle « prend la pilule ».
Comme des dizaines de milliers d’autres Nigérians, la jeune fille a fui les violences du groupe jihadiste Boko Haram près du lac Tchad pour se réfugier à Maiduguri, la grande ville du nord-est.
A peine sortie de l’adolescence, Aisha a déjà cotoyé la mort et la barbarie lorsque les insurgés ont attaqué son village de pêcheurs en 2014, et connu le chemin de l’exil à travers une brousse aride, hostile.
Dans le camp de Bakassi, qui accueille 21.293 déplacés venus des quatre coins de l’Etat du Borno (nord-est), ce sont des assauts d’un autre type qu’elle doit désormais repousser.
« Je n’ai jamais été avec un homme », assure-t-elle en baissant pudiquement le regard. »Mais dans le camp il y a tellement de viols ».
« Une de mes amies est tombée enceinte comme ça et j’ai peur que ça m’arrive aussi », confie-t-elle en venant chercher un contraceptif « préventif » au planning familial du Comité international de secours (IRC).
Une autre patiente raconte avoir entendu résonner « les cris » de sa voisine, une nuit de juin. »Des garçons du camp sont entrés dans sa tente mais personne n’est venu la secourir.On a toujours peur que ce soit Boko Haram » qui attaque.
Le viol est tabou dans beaucoup de familles haoussa et kanuri, les deux principales ethnies de la région, et très peu de femmes confient avoir été violées de peur d’être rejetées, affirme à l’AFP Alice Janvrin, en charge de la santé reproductive à l’IRC.
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